Bestiaire

BESTIAIRE PERSONNEL : papillons, abeilles et autres animaux… (écrit début 2013)

Essayez de capturer un papillon sur l’objectif d’un appareil photo. Oui, c’est difficile, il est presque insaisissable. Il vole où il veut, on ne sait ni d’où il vient, ni où il va. Un papillon voltige librement de fleurs en fruits, en butinant selon le désir, les parfums et la nécessité du moment. Il est silencieux et disparaît aussi vite qu’un songe qu’on oublie. Il s’orne de multiples couleurs, trop visibles parfois, au point de se faire happer par le moindre passereau, paralysé par le moindre poison ou pesticide ou écrabouillé par le moindre gamin.

En revanche, il se pose près de vous, sans que vous le demandiez si vous savez vous arrêter et écouter l’écosphère.

papillons

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Il m’a un jour été dit par un collègue que j’étais une personne superficielle et que je papillonnais. Ceci n’a rien d’étonnant. Les papillons m’ont accepté parmi les leurs depuis longtemps (voir photo). Le philosophe papillon est éphémère et fragile. Il n’est ni véritablement philosophe, ni papillon. Il sait qu’il va mourir. Mais à la différence de nombreux intellectuels sérieux des universités, il a expérimenté de l’intérieur du corps ce qu’est la mort et l’autodestruction, lors de sa métamorphose. Il n’est ni expert, ni spécialiste, ni dogmatique, ni véritablement critique ; il n’aime pas trop les manifestations de foule, que ce soit sur des plages ou sur des pavés… et encore moins les institutions et les idéologies. Mais, à sa manière, il participe du vaste écosystème du monde… et espère en l’avenir de la noosphère. En butinant, ne tisse-t-il pas un presque rien ou un je ne sais quoi de vie et de lien ?

Et puis il y a l’effet papillon de la théorie du chaos. Le battement d’ailes d’un papillon peut déclencher un ouragan.
Toute ma vie, j’ai essayé de bâtir des ponts là où d’autres construisent des murs (et s’affirment ensuite avoir confiance en eux, facilité de celui qui est protégé par des murailles) et d’autres creusent des fossés (pour se dire « profonds »). Des individus profonds, j’en ai croisé des wagons entiers, surtout dans les cercles intellos et cathos. Je les fuis.

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Nuances, nuances… Une grande amie a écrit que le papillonnage de son ami ressemblait plutôt à celui d’une abeille. L’abeille butine et produit du miel. L’abeille, comme le papillon, aime les violettes, les renoncules, les cactus, les parfums, elle sort au Soleil, mais elle a un but plus apparent : construire la cité des abeilles. Le papillon aussi participe à une cité, celle de l’écosystème, celle de la vie, mais en plus fantaisiste. Les abeilles n’aiment pas qu’on les dérange : elles piquent. Dans l’univers des abeilles, il y a une Reine. Pas chez les papillons ? Pour le lépidoptérosophe, le philosophe papillon, s’il y a une reine c’est mon épouse. Bon, lépidostérosophe, ça fait compliqué. On se contentera de « lépidosophe ».

Il y a quatre ans, lors d’un voyage dans un désert, un groupe de consultants a déterminé que mon attribut animal était plutôt celui d’un écureuil. Un écureuil se cache dans les arbres, n’aime pas trop se montrer et recueille des richesses qui lui permettent de passer l’hiver. Un peu le contraire du papillon ? Moins superficiel, sans doute… Dommage, j’aime la superficialité du papillon. Différent aussi de l’abeille ? Lâche et caché ? Oui, pourquoi pas. J’aime me cacher et je ne suis pas courageux. Ne vous inquiétez pas, les papillons et les abeilles -et peut-être bien les écureuils- disparaîtront bientôt de la Planète Terre. Il ne restera que la pierre, le froid, les lignes droites et les angles droits et des déchets…

Bref, le bestiaire Nicolas est composé d’au moins 3 animaux, avec une petite préférence pour le papillon. L’étymologie grecque du papillon est « lépidoptère » (écaillé et ailé).

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