Suite de la marche sur le « Camino Mozarabe », entre Alméria et Cordoba (Cordoue) en Andalousie.
Cette partie concerne le chemin entre Nacimiento et Guadix. Bonne lecture.
NB. Pour découvrir encore plus de photos en format original,
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- Camino Mozarabe 1 : d’Almeria à Nacimiento.
- Camino Mozarabe 2 : de Nacimiento à Guadix.
- Camino Mozarabe 3 : de Guadix à Granada.
- Camino Mozarabe 4 : de Granada (Grenade) à Baena
- Camino Mozarabe 5 : de Baena à Cordoba (Cordoue)
– Camino Mozarabe (6) : de Nacimiento à Abla (26 Mai)
Après un desayuno au « cafe centro » de Nacimiento (qui m’a accueilli pour dormir), je repars vers 8h.
Au revoir, Nacimiento !
➡ Le chemin est tranquille sur une rivière asséchée (une de plus. Beaucoup de maisons et de villages abandonnés : pauvre Andalousie !).
– De la poussière quand deux motos me croisent.
Plein de petits lapins ?, mais pas moyen de les photographier.
À Las Tres Villas, une dame me propose de boire à sa fontaine.
▶ De temps en temps, des espagnols me demandent si je vais à Santiago : ils sont un peu étonnés, mais aucun ne me questionne sur ma jambe de bois !
– Toujours à Tres Villas, beaucoup de monde dans les rues : ce sont les élections, ça papote dans tous les sens… L’ambiance a l’air plus familiale que chez nous.
➡ À la sortie d’Ocaña, je rate le chemin et marche sur la route : peu fréquentée.
De nombreuses éoliennes gigotent avec le vent…
– Les derniers kms avant Abla se passent sur un sentier de pierrailles.
➡ Abla : le donativo est difficile à trouver, plutôt vers le haut du village. Mais la vue est exceptionnelle…
… et une fois de plus, il y a tout ce qu’il faut.
– Dans un nid, sur la terrasse, des oiseaux se disputent ?
➡ Vais manger 4 tapas et boire un « tinto de verano » : 4,40 €. Waouh !
➡ Le soir, un norvégien en cyclo, vient me rejoindre dans le donativo. Je lui explique le fonctionnement d’un donativo.
– Belle journée : un peu plus que 15 km agréables.
– Camino Mozarabe (7) : Abla-Huénaja (27 Mai 2019)
? Journée éprouvante, mais en partie de ma faute.
– Ai prévu de me rendre à Finaña, à 8 km, pour une marche cool et un premier vrai repos depuis 7 jours.
▶ Je prends un vague petit déjeuner en compagnie du jeune norvégien cycliste.
… et je me mets en route à 10h.
➡ En quittant Abla, je me fais attaquer par 2 chiens, dont un de ces fameux chiens tueurs dont j’ai oublié le nom ! Je me défends avec les bâtons de marche, quand le berger, avec ses chèvres, rabroue sèchement ses chiens… et s’excuse.
➡Je marche dans une belle vallée qui semble fertile.
– le Camino suit un rio asséché et large. Je croise des troupeaux de moutons et de chèvres. Pause.
➡ Je fais un détour pour voir et écouter une éolienne de près.
… et je me perds dans des champs boueux (peu quand même : on est en Andalousie) au milieu d’arbres fruitiers
➡ Tranquillou, j’arrive à Finaña vers 13h.
– Pas de chance : Ayutamento fermée… « Cerrado, cerrado », disent les passants !
– Je me prends 2 tapas et un grand verre de vin rouge (le serveur n’a pas compris que je demandais un « tinto » : il fallait préciser « un tinto de verano »).
➡ Tant pis, je repars. Il y a un donativo à 12 km, à Huéneja. Mais il commence à faire très chaud.
– Heureusement, il y a un vent de face qui rafraîchit.
– Je me crois en forme (vino aidant). Le Camino traverse des paysages de western. C’est magnifique.
– On change de région : désormais, c’est Granada. Des montagnes enneigées apparaissent à l’horizon.
➡ Le chemin parvient au village de La Hertezuela. Malheureusement, il n’y a plus d’eau dans la gourde ! ? et le Camino contourne le Centro !
⚠ Nely m’a pourtant conseillé d’arrêter là ! Il est 17h !
– Sorti du village, je fais 1/2 tour pour trouver un bar : nouveau tapa et nouveau verre de tinto de verano. Et gourde pleine.
➡ Je pense faire les 6 derniers kilomètres tranquillement.
– Grave erreur : 6 km dans un étroit rio asséché plein de cailloux, de grosses pierres et de ronces. Le soleil tape très fort et le vent est tombé.
… Je dois m’arrêter souvent pour boire, prendre de l’ombre et nettoyer le moignon.
– Le sentier se perd : j’escalade des champs en terrasse, redescend dans le rio, n’y comprend plus rien, sous l’œil goguenard de petits lapins qui s’enfuient à mon approche ?
➡ J’arrive à Huéneja épuisé, tel un Zombie, après 20h ! C’est la fête au village : cloches, feux d’artifice, fanfare, boutiques closes. Pas l’énergie d’aller voir !
– Parvenu au donativo, le code d’accès ne fonctionne pas (sans doute, une tentative de vandalisme). J’en essaie d’autres, proches, et finis par le trouver.
▶ OUOUOUOUOUF ! Toujours super bien aménagé. Tout seul, une fois de plus.
– M’effondre sur le lit et dors. Douche et repas plus tard.
? Plaie sur le moignon : heureusement, pas sur un point d’appui… Et j’ai maigri : donc changement de manchon (qui entoure le moignon).
♒ Bref, 21 km. Et tout ce qu’il ne faut pas faire !!! Chacun appréciera.
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NOTE : la capacité de l’organisme à retrouver des forces est étonnante. Ce matin, je suis bien. Mais je reste une journée à me reposer.
– Camino Mozarabe (8-9) : Huéneja-Alquife (29 Mai 2019)
UNE JOURNÉE DE REPOS : je ne fais rien de la journée. Je dors.
29 Mai. ➡ On repart.
Incontestablement, la plus belle journée depuis le départ d’Alméria.
– Suis parti très tôt de Huéneja, vers 6h30, parce que l’étape est longue (18 km). Un peu de brouillard…
➡ Magnifique sentier et paysages majestueux jusqu’à Dolar (?), puis Ferriera : collines, chemins faciles, petites côtes et descentes, splendides villages…
➡ Après chaque virage, chaque col, des surprises et des émerveillements… (autre chose que les Hautes montagnes de Grenoble ? : trop hautes, horizons toujours ou trop les mêmes)
– C’est l’idéal du peregrino (handicapé ou non), un vrai plaisir.
… sans oublier les oiseaux, les papillons, les insectes.
➡ Après une pause à Ferriera, le chemin continue vers La Calahorra et sa surprenante forteresse. Vues splendides sur la vallée.
… Nouvelle pause. Il est à peine midi. Ai déjà marché mes 12 km.
➡ La suite vers Alquife se passe sur de longues lignes droites de terre poussiéreuse.
– Malgré le Soleil, il y a toujours ce vent apaisant.
On arrive à l’immense mine de fer (mina de hierro).
? Surprise : Manuel, l’aubergiste, vient me chercher « con la coche ».
Nely, qui veille sur moi comme le lait sur le feu, l’a prévenu ! ?
➡ Voilà Alquife. Albergue Ladro.
– Douche, sieste, on connaît.
Le soir, arrivent 2 cyclistes, Anton et Nazareth, qui font le tour de la Sierra Nevada en vélo.
… et resto le soir, avec du poulpe ! ? Pas très bon, j’avoue.
– Camino Mozarabe (10) : Alquife – Cogollos (30 Mai 2019)
Encore une journée extraordinaire, aussi belle et peut-être plus pour les paysages que celle d’hier.
– Je quitté tranquillement l’auberge de Manuel vers 9h.
➡ Me voici en train de longer la mina de hierro… Il y a un chemin interdit ⛔ pour monter sur le terril. J’y vais. Anciennes habitations en ruine de mineurs.
– Et pas moyen d’avoir une vue d’ensemble du site minier. En revanche, belles plongées sur Alquife.
▶ Petit blues de lépidosophe quelconque : ai le sentiment de plus de réalité humaine dans ces travailleurs (ou même chez ces bergers croisés), que chez ces universitaires condescendants et méprisants que j’ai trop fréquentés.
« Ohé artisans, ouvriers et paysans (et bergers)… Montez de la mine, descendez des collines, camarades ! »… Vapeurs marxistes dans ma tête… Et combien de haines et de colères justifiées.
– On le voit aussi dans ces charbonnages fermés de Belgique (Charleroi où nous nous sommes mariés, mon épouse et moi), ou du Nord. Combien de rêves, de frustrations accumulées…
… pour des ruines (d’aujourd’hui).
➡ Chemin tout droit. Un berger, moutons, chèvres ? et chiens.
– On voit Jerez de Marquesado : chouette, le paysage est plat, c’est tout près !
PIÈGE : boum, un ravin ! Et un gué à traverser tout en bas…?
… et un petit bois.
– Très très beau village dans un site exceptionnel. Je m’arrête dans un bar pas très accueillant : réserve prudente des andalous ?
➡ Je repars. Le chemin croise d’autres gués.
Puis il grimpe à travers des terres pierreuses, puis un bois de pins. On arrive à un col : nouveau panorama.
… Et surtout, il y a un lac en bas. Le sentier le rejoint.
J’en profite pour me baigner ? : température à point. Mmmmmh ! Plaisir gratuit.
➡ 3 kms encore jusqu’à Cogollos. Un habitant m’indique la « casa rural » de Juan Carlos, chez qui je dors. Tout seul dans une belle et grande maison.
Bel accueil très professionnel.
– Rite habituel : douche, sieste, courses, soirée au calme. Énorme chien moche, mais sympa.
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➡ Grand silence intérieur paisible, et rempli de la terre andalouse, de la vie végétale, animale, des rares et précieuses rencontres.
– Paix totale.
– Camino Mozarabe (11) : Cogollos-Guadix (31 Mai 2019)
Toujours des étapes sublimes.
– Ce matin, c’est mon anniversaire. Le gros chien de mon hôte me le signale, et lui, Juan Carlos m’offre des viennoiseries…
➡ Je marche dans une vaste plaine, avec un vent violent. Je croise encore des bergers, des troupeaux… ?
➡ Puis le Camino descend dans un ravin où, plus j’avance, plus le pays est sauvage, avec des falaises rocheuses.
– Une pause nature sous les arbres. Encore un coin de paradis. Mais dans la tempête : vent fort dans la végétation.
– Peu de population. Là une habitation contre la falaise, ici un tracteur ? dont le conducteur me salue amicalement.
Le Camino continue dans la vallée pendant plusieurs kilomètres.
➡ Et c’est l’arrivée magique sur Guadix ! Les montagnes forment une sorte d’entrée royale.
– Puis on traverse un quartier de maisons troglodytes, dont j’aurais l’explication demain.
Cela rappelle la Cappadoce !
▶ On contourne l’impressionnante forteresse, on ressent l’influence musulmane…
…puis par des petites rues, j’arrive à la Casona de la Luz. J’apprends que cette maison est d’origine romaine, puis refaite par les arabes.
Je suis accueilli par Gabi et Pepe.
– Gabi tient l’auberge et pratique l’ostéopathie. Pepe prépare des crêpes…
– De la terrasse de la Casona de la Luz, la vue s’étend sur la ville de Guadix.
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Plusieurs membres de l’association m’invitent à rester une nuit de plus. Pourquoi pas ? La ciudad e espléndido…
…et je n’ai encore rien vu
– Camino Mozarabe (12) : Guadix (1e Juin2019)
GUADIX : Autant l’avouer, j’ai été scotché par cette cité !
➡ Gabi m’invite à aller voir le « mercado », le marché. Pour l’instant, c’est du déjà connu.
– Toutefois, je suis rabroué 2 fois parce que je prends des photos. Restons prudent.
➡ Il est midi : je me rends à la Cathédrale où je tombe sur un mariage. Il y a une chorale exceptionnelle et une chanteuse de très haut niveau ?.
– Je voudrais rester un peu, mais je me fais jeter par le gardien… non sans avoir photographié la très réussie copie de la Piéta de Michel-Ange.
… La Cathédrale doit aussi faire la sieste.
– J’erre dans la Ciudad, admiratif des bâtiments, des petites ruelles, des couleurs… des quartiers piétonniers.
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➡ Fin d’après midi, Paco, de l’association Mozarabe, vient me chercher et me fait visiter la ville, sous l’angle historique, cette fois.
– Les dates : colonie romaine, 1ère communauté chrétienne dès le premier siècle, invasion Maure, la Reconquista de 1492 (par des traités), la reconstruction catholique, la désastreuse Guerre d’Espagne…
– Les « cuevas » (cavernes) sont les lieux où les musulmans se sont réfugiés. Je fais le parallèle avec la Cappadoce, qui ressemble à cette région, où là-bas, en revanche, ce sont les chrétiens qui se sont réfugiés dans les cavernes lors de la conquête musulmane.
▶ Église San Francisco (où je fais la connaissance du curé qui a fait l’École biblique de Jérusalem) ;
Place de la Constitution (ravagée par les troupes de Franco et magnifiquement reconstruite) ;
– Arcades de la Place de la Constitution. À gauche, l’arcade originale, à droite, la reconstruite : la différence est subtile !
Retour à la cathédrale (voir à droite)
Les façades de la Cathédrale et les symboles (j’ai quelque doute sur certaines évocations historiques de Paco, mais c’est si riche !) ;
Astuce architecturale : forme d’un calice, dans l’ombre. Je le demande où Perceval est allé chercher le Graal ?
l’église dominicaine et son plafond boisé.
▶ Nous tombons par hasard sur une étrange procession…
– On continue avec le mirador qui domine la ville et les environs (cuevas, forteresse, Sierra Nevada et autres, etc.) sur 360° ;
et le théâtre romain découvert lors de la construction d’un parking !
… Tout ça, expliqué par un Paco inépuisable, dont je ne comprenais pas tout, mais passionnant et passionné !
Merci Paco ?
➡ La soirée se termine à la taverne « la bodeguilla » où Paco m’offre tapas et surtout un petit vin liquoreux (de los Reyes) de derrière les fagots, dont j’ai encore la saveur au fond de la gorge !
▶ Quelle journée étonnante…
Le foot, institution nationaleLa Casona de la Luz, maison romaine, puis arabe, où je loge…
LA CATHÉDRALE
les petites rues arabes…
Représentation goscinno-uderzienne de cette vieille tradition ?