CONVERSION PERSO suite aux événements du Proche Orient ?

Les événements du Proche-Orient (Guerre Israël-Hamas) ébranlent un certain nombre de convictions personnelles, ou plutôt de scories qui s’étaient accrochées à mon architecture intérieure. La Guerre en Ukraine ou la débâcle et l’exode des Arméniens dans le Haut-Karabagh m’ont également touché, comme nombre d’entre nous, mais pas autant. Et ne parlons pas de la guerre en Éthiopie-Tigré, guerre qui semble ne pas beaucoup intéresser les médias, et dont le nombre de victimes a largement dépassé ce qui explose au Proche-Orient. À cela, ajoutons la duplicité des acteurs et les infox qui circulent dans les médias et les réseaux sociaux… qui vont au-delà de la désinformation, car ils relèvent très souvent du mensonge. 

Massacre des Saints Innocents
(Matteo di Giovanni, 1480)

Ce qui se passe à Gaza et qui risque de se propager explique aussi en partie un malaise qui m’atteint d’un point de vue psychosomatique, vieille pathologie que je supporte depuis l’enfance. Ce malaise m’emmène dans un état intellectuel et affectif à la fois brumeux, en tout cas indéfinissable. Ce n’est sans doute pas la seule raison de ce mal physiologique. J’avoue avoir passé beaucoup de temps à l’affût de ce qui se déroule là-bas et cela interfère sur l’organisme. En gros, je ressens un combat intime entre d’une part un désir de soutenir Israël tout en giflant Netanyahu, de flanquer une bonne paire de claques au Hamas, aux terroristes, aux Frères Musulmans, aux Ayatollahs iraniens (lire ceci sous l’angle métaphorique)… et d’autre part, une reconnaissance que dans l’affaire, ce sont les plus fragiles, Palestiniens ou habitants des kibboutz, simples passants, et surtout les pauvres, les enfants, les femmes, les vieillards, les handicapés qui sont otages et victimes d’individus haineux et de structures d’injustice. Et puis ces bombardements du retour qu’on peut comprendre, mais sûrement pas excuser ? Ont-ils quelque légitimité ?

Pas très original, pensera-t-on !

Allons plus loin. Anxiété légitime ? La guerre n’est-elle pas une constante de l’histoire ? Est-elle une fatalité ? Que pensaient nos parents et grands-parents lorsque les chars et les armées nazies déferlaient sur toute l’Europe, quand les Japonais détruisaient la Chine, quand les camps d’extermination se remplissaient de cadavres ? Et dans notre enfance, n’avions-nous pas été secoués quand les adolescents Khmers Rouges anéantissaient la population du Cambodge, quand Tutsis et Hutus se massacraient à la machette… et pour faire bonne mesure, quand les Américains bombardaient sans nuance les forêts habitées du Vietnam ? Guerre éternelle, justifiée ou non. Il n’y a pas si longtemps, les esclavagistes transportaient les esclaves comme des animaux d’un continent à l’autre, etc. Etc. N’en ajoutons pas.

La réflexion présente est intellectuelle et affective. Je n’ai aucun pouvoir pour agir et je plains les diplomates et les responsables qui aspirent et tentent d’œuvrer à la paix et à la justice. Toutefois, déplacer sa perspective a déjà un pouvoir apaisant sur soi-même et sur les paroles qu’on peut partager entre personnes de bonne volonté.

*

Le déplacement intérieur auquel je suis appelé est celui-ci. J’ai souvent et longtemps été tenté de raisonner de manière globale et organique, en privilégiant la dimension existentielle à la dimension éthique des événements. Dans la célèbre dispute entre Voltaire et Rousseau à propos du tremblement de terre de Lisbonne, je suis plutôt de coeur avec Voltaire et de raison avec Rousseau. Voltaire exprime en vers la souffrance des malheureuses victimes. Rousseau s’insurge contre les architectes et les politiciens de la ville, et contre Voltaire à qui il reproche son fatalisme hypocrite déguisé en homme miséricordieux et sage philosophe des Lumières. Et si les deux avaient raison ? Mais où est la priorité, où se situe l’urgence ?

… Et puis dans le cas de la guerre, il ne s’agit pas de catastrophe naturelle, mais aussi de responsabilité politique ? Sauf que les victimes n’ont guère le loisir et le temps de différencier les perspectives. Ils ont peur, fuient, obéissent à leur instinct de survie quand ils ne sont pas emportés par les torrents de violence et de mort. 

La dualité vie-mort, qui angoisse tant d’individus, surtout quand la menace est directe, s’applique aussi aux communautés, aux nations, aux civilisations. Mon réflexe « intellectuel » premier est de considérer que cette condition humaine, face à une catastrophe naturelle ou une guerre, est analogue au fait que les virus, les microbes, les cancers et autres dérèglements s’attaquent au corps des êtres humains et des animaux. Qu’il faille disparaître naturellement par vieillesse ou disparaître par destruction brutale semble presque normal à l’échelle de l’histoire, de l’évolution naturelle, de l’aventure cosmique. On ne peut que le déplorer, voire pleurer par compassion. Compassion hypocrite, penserait Rousseau ? Ou réflexe d’une conception organique qui m’habite et, peut-être, me retient un peu trop. Hegel est aussi passé par là, quand il rappelle qu’aucune civilisation n’est éternelle. Quant à l’évolution biologique, elle a vu des systèmes entiers s’effondrer et disparaître naturellement ou accidentellement.

Cette conception distante et hâtive se confronte alors à une autre vision, également personnelle, celle d’une éthique religieuse, chrétienne et juive notamment, où la question « vie-mort » (vue comme processus naturel et organique) est recouverte par celle de l’attention active au prochain et de la dignité de la personne, celle du combat pour la justice, celle de l’amour et de l’espérance face à la haine, au fatalisme ou au désespoir. Dans ce cas de figure, la question de la mort n’est plus perçue sous l’angle d’un événement naturel, mais elle devient seconde par rapport à la question du mal, beaucoup plus scandaleux que notre fin naturelle. Quant à la guerre, elle n’est plus une nécessité de l’Histoire ou de la condition humaine, mais un mal contre lequel il faut lutter de toutes ses forces. Bref, l’éthique est plus fondamentale que le fatalisme tragique, voire première par rapport à la métaphysique ou l’approche rationnelle.

Récemment, dans un « salon musique » organisé avec des amis, nous écoutions l’Oratorio du compositeur tchèque Bohuslav Martinu, « l’Épopée de Gilgamesh », chef d’œuvre que j’avais proposé. L’Oratorio de Martinu m’accompagne depuis des années, non seulement parce qu’il s’agit d’une œuvre que j’aime, mais aussi en raison de son contenu. L’histoire de Gilgamesh est une histoire mésopotamienne qui conte la quête existentielle d’un roi-héros qui a perdu son meilleur ami, Enkidu. À la recherche de l’immortalité qui lui permettrait de le retrouver, il ne rencontrera que son destin d’homme mortel. L’Épopée de Gilgamesh a inspiré plusieurs récits bibliques (Le Déluge par exemple) que je ne détaille pas ici. La Bible traite les événements en les « démythologisant » -c’est-à-dire soit en les plongeant dans l’histoire réelle, soit en les traitant pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des images, soit en s’en servant comme appel à la responsabilité-, ou avec humour… Par exemple, le texte du Déluge dans la Bible est assez ironique, voire comique (c’est du second degré), alors que celui du mythe de Gilgamesh est tragique et fataliste. L’Épopée de Gilgamesh mène à l’acceptation douloureuse, considérée comme sage, de la condition humaine, notamment face à la mort de ceux qu’on aime, ou aux prises de divinités qui observent et souvent se moquent, en regardant les fourmis humaines d’en haut. Martinu, de son côté, est assez fidèle au vieux récit.

Le Livre de Job offre une autre perspective que celle de l’Épopée de Gilgamesh, puisqu’il s’oppose à toutes les théologies et spiritualités qui trouvent des explications faciles au mal et à la souffrance. Mais il conduit, à défaut d’acceptation devant la fatalité, à l’interrogation sur le mystère de la création et celui de l’existence. Pas au-delà, du moins apparemment. Récemment, lors d’une conférence qu’un moine proposait autour du thème « destin-destinée-vocation » dans un Monastère proche de chez nous, j’ai relevé et signalé le fait que le Livre de Job se termine par une reconnaissance réciproque entre Adonaï (le nom que le Judaïsme donne à Dieu, pour ne pas le nommer directement) et Job. Adonaï invite Job à l’écouter comme un brave et déploie les merveilles de l’univers et de la vie. Ce récit est aussi l’occasion d’une révélation, à travers le nom, de l’identité profonde de chacun : en l’occurrence, celle de Job, mais aussi celle d’Adonaï qui affirme, face aux théologiens, que seul Job a bien parlé de Lui. L’image que les amis de Job se font de Dieu est sans issue. Le Dieu de la Bible n’est pas celui d’un être dans un Panthéon qui surplombe le monde et s’amuse de ses créatures, éventuellement se montre miséricordieux, mais Celui qui accompagne l’épopée humaine au risque de « sa » propre liberté et de l’échec de sa création (thème que l’on lit dans la spiritualité du Judaïsme), au risque là de « notre » liberté. Cependant, que ce soit chez Job et a fortiori chez Gilgamesh, on reste dans l’interrogation existentielle. Même chose chez les Tragiques grecs ou dans les mythologies scandinaves et germaniques.

Ces tentatives d’explication, en effet, ne résolvent pas la question du mal, de la souffrance et de l’injustice, surtout quand leur cause est humaine. Guerres, haines, viols, meurtres, humiliations, vengeances… Question qui rebondit vers celle de la responsabilité -et sous-jacente, celle de la culpabilité des humains, femmes et hommes, institutions et idéologies.

*

Lors de mes études, de mes réflexions, voire de mes écrits, conférences ou cours, je me suis souvent protégé, parfois réfugié, dans la question existentielle ou métaphysique du pourquoi de l’existence, du pourquoi de notre existence. J’ai couramment sous-estimé le problème du mal moral, en le cachant derrière la question de la théodicée (comment peut-on concevoir un Dieu qui permet tant de mal ?), derrière le regard sur nos conditionnements (voir ma méditation autour d’Edgar Morin), ou derrière l’admiration devant les merveilles et la complexité de l’univers… avec une petite coquetterie rationnelle et scientifique.

Les raisons de cette attitude personnelle et de ces choix intellectuels sont multiples. Tout d’abord, il y a l’énorme poids de culpabilité qu’une mauvaise tradition chrétienne a imposé à ses fidèles. Augustin (son péché originel et sa Cité de Dieu qui sépare les bons des méchants), a peut-être été un grand bienfaiteur, mais il a surtout été un grand malfaiteur des églises. Sur cette planche, Dante a plus tard tartiné une bonne couche de culpabilisation avec son enfer, son purgatoire et son ciel, en dépit de l’extraordinaire poésie de ses textes. Puis tous les bavards et moralisateurs religieux, et parfois laïcs, qu’on entend prêcher çà et là, en rajoutent encore, histoire de nous rendre tellement scrupuleux qu’on en devient malade, quand elle n’est pas une stratégie pour prendre le contrôle de nos consciences morales. Lesquels moralisateurs n’ont souvent aucune expérience du mal réel et de la souffrance ! Car ici est une autre explication de mes choix : comme handicapé physique depuis l’âge de 18 ans, atteint d’une maladie auto-immune et fréquemment hôte malheureux des hôpitaux et victime de médecins incompétents, sans omettre les galères que le handicap et la maladie infèrent dans la vie sociale et quotidienne, je supporte mal les vendeurs de morale et les exploiteurs de la détresse des autres. Ajoutons à cela l’hyper moralisation de la vie politique depuis Mai 68. La lutte contre l’injustice et la haine vaut mieux que les logorrhées et tartufferies de nos prédicateurs, prophètes de malheur et experts en solutions psychologiques, existentielles et politiques.

Autre raison de mes choix : à défaut d’avoir été un chercheur institutionnellement reconnu, j’ai une âme de scientifique et je préfère attendre les résultats des spécialistes face à tel ou tel fait, avant de me permettre de poser une condamnation, voire un simple jugement a priori, sur ce même fait. Même chose pour les actes et intentions des individus ou pour les écrits. Sur la page d’accueil de mon blog, je propose une citation de Pascal qui éclaire ce que je pense : voir avec un regard élargi et avec l’épaisseur du temps empêche de juger rapidement une situation, un événement ou un comportement. Si la relativité restreinte d’Einstein a mis en évidence que notre univers est un continuum spatio-temporel (avec le temps, voire la durée, comme dimension constitutive), ce n’est pas pour que l’on réduise les événements à leur immédiateté et leur localité. Le temps est à la fois notre condition et notre allié.

Le risque est alors de ne plus avoir le courage de poser de jugement éthique, voire juridique, faute de réponse définitive…

Ai-je été lâche finalement en me camouflant derrière les questions de la théodicée, celles de la condition humaine et celle de la raison scientifique et philosophique ? En effet, la Bible, Ancienne et Nouvelle Alliance, placent la question du mal et de la responsabilité humaine en amont de celle de nos légitimes interrogations sur les multiples « pourquoi ». Il y a déplacement des questions existentielles et mythologiques vers l’appel à l’action et à la conversion -et parfois avec urgence-. On pourrait penser que Socrate et la tradition philosophiques invitent déjà à ce déplacement. Mais je n’en suis pas convaincu. Socrate était entouré de ses amis, et son « sacrifice » était affaire d’interprétation philosophique. Le déplacement biblique vers la conversion éthique ne m’a pas empêché de souvent affirmer que la Création est plus fondamentale que le « Salut ». Or la Croix du Christ nous interpelle, comme nous interpellent déjà avant lui les souffrances des prophètes, de Moïse et de Job… indépendamment même de la Résurrection, du retour d’exil, des affres de l’Exode… ou même de l’invitation qu’Adonaï propose à Job après ses multiples épreuves : contempler la création du monde, la ceinture solidement accrochée aux reins, en guerrier qui a résisté aux souffrances et aux syllogismes et théologies faciles de ses opposants.

De toutes façons, il faut arriver à tenir les deux perspectives, même quand la haine et la violence se déchaînent. « Patience et longueur de temps ne valent-elles pas mieux que force et que rage » ? Peut-être. Une citation n’exprime jamais qu’une seule perspective. Mais laquelle est prioritaire par rapport à l’autre ? Plus exactement, laquelle est plus essentielle ? Et comment agir face à des individus ou des communautés incapables d’écouter. Réfléchir : oui, mais pour agir.

J’ignore si à mon âge, je suis capable de vivre une telle conversion, à savoir le passage d’une vision et d’une pratique trop philosophique et trop centrée sur l’existence et le pourquoi de la création, à une vision plus éthique, voire théologique, théologale même, de l’existence humaine. Notre époque est submergée de prophètes, de moralisateurs, de commerciaux d’éthiques, de bons esprits et de guérisseurs de toutes sortes, individuellement, socialement et politiquement… Ceci me freine, et c’est d’autant plus désolant que notre monde qui se dit non religieux n’a jamais été autant moralisateur ! Oui, j’ai du mal à supporter les discours précipités pour ou contre l’un ou l’autre, pour ou contre Israël ou pour ou contre les Palestiniens, quels que soient leurs représentants. Et pourtant il y a des urgences et du danger ! 

Durant des années, je me suis intéressé à la tradition juive, au thème de l’exil des hommes (et l’exil de Dieu lui-même) et à l’articulation entre les Livres de l’Ancienne Alliance et ceux du Christianisme -Évangiles, Lettres de Paul et autres, Apocalypse-. Non pour en extraire des règles de morale, mais pour y découvrir les modalités de nos existences et les outils pour les intérioriser. Voilà où se situe mon refuge contre ma peur, peut-être ?

Qu’on comprenne bien : face à des monstruosités comme est devenue cette guerre, j’ai du mal à poser un jugement éthique et politique hâtif, et j’aurais tendance à d’abord vouloir comprendre objectivement les tenants et aboutissants de ces haines et violences… et ne rien faire, ni ne rien dire. Or, tout au fond de moi, remontent comme des bulles des pensées troubles, parfois noires, qui voudraient que le mal soit ici ou là. C’est pathologique.

Je n’ai pas de remède à cela.

Toutefois, s’il y a un déplacement ou une conversion à faire, même simplement intellectuel, c’est ici. Je suis en effet plus théologien que philosophe, même si tout au long de ma vie, j’ai passé mon temps à affirmer le contraire. La philosophie m’a beaucoup aidé. Elle m’a aidé à donner sens à l’histoire, aux sciences et aux concepts, à tisser des liens là où le discours académique aime bien spécialiser et séparer savoirs et expériences. Mais elle n’a pas véritablement répondu à l’interrogation première : non pas pourquoi j’existe, non pas pourquoi il existe un monde, non pas pourquoi meurent ceux qu’on aime (comme chez Gilgamesh), mais pourquoi y a-t-il du mal, des forces de haine et de mort, dont des êtres humains et des structures institutionnelles et étatiques sont responsables ? En soi et autour de soi, en conscience ou non. Les deux formes de questionnements sont liées sans doute -je renvoie à Saint-Paul-. Difficile de les dénouer.

Hans Jonas et Hannah Arendt, dans le magnifique film de Margarethe von Trotta

Lors d’une conférence que je donnais sur « le Principe Responsabilité » de Hans Jonas, un des participants m’a fait remarquer que je raisonnais plus en théologien qu’en philosophe. À mon insu, sans doute, car je n’avais parlé ni de Dieu, ni de religion, encore moins de Judaïsme ou de Christianisme. Le célèbre ouvrage de Jonas portait sur la responsabilité face au dérèglement écologique (abusivement réduit au dérèglement climatique dans nos médias) et interrogeait la morale de Kant, trop abstraite et universaliste à ses yeux. Pourquoi étais-je trop théologien ? Je me pose encore la question. Peut-être parce que j’avais en tête la réflexion de Jonas sur Auschwitz ? Je ne sais pas. Dans ma bien ordinaire vie, je n’ai jamais pu enseigner de théologie, à l’exception d’un cours donné à Bourgoin-Jallieu sur la Théodicée (et qui reste un de mes bébés préférés). Si ce participant de la conférence sur Jonas a estimé que je parlais plus en théologien qu’en philosophe, peut-être me faut-il retrouver le courage de dire et d’écrire : mon histoire est celle d’un théologien, et théologien chrétien, plus que celle d’un philosophe spécialiste en épistémologie !

Qu’est-ce que ceci signifie dans le contexte de cette guerre ? Ceci signifie que ma lecture de ces événements doit s’articuler sur l’histoire d’Israël, de l’Alliance et du risque de la liberté, sur le mystère Pascal -Croix et Résurrection- et l’espérance qu’elles proposent par delà les haines, les mensonges et les violences, élargies le plus largement possible, avant de se réfugier trop hâtivement derrière l’analyse factuelle, historique et scientifique -indispensables bien sûr-. Une lecture théologique en arrière-plan. Sincèrement, à l’heure actuelle, je m’en sens incapable.

Il ne s’agit pas non plus de sombrer dans un prosélytisme racoleur ou un prophétisme pessimiste, ce qui serait une très mauvaise théologie. À mon âge et loin des événements, je n’ai que très peu de pouvoir. Bref : ne pas craindre de dire et de combattre le mal quasi personnifié, voire la possession démoniaque, qui s’abat sur les pauvres, les petits, les victimes… Ne pas craindre non plus d’y lire une défiguration de Dieu et de sa Parole. Naturellement, je n’écrirai pas cela tel quel si je me trouve interpellé, mais je dois y penser… dans l’ombre et dans l’espérance qu’un jour, l’émerveillement devant la Création reprenne sa place ; que les enfants, les femmes, les hommes, soient tous reconnus comme des prochains et des frères ; qu’un amour éprouvé, solide, celui qui remet debout les personnes, puisse enfin recouvrir les haines ; que ce Dieu révélé qui appelle chacun par son nom parle à nouveau, dans la nuée ou dans le discret zéphyr qui a ému le prophète Élie.

Même sur Facebook ou sur mon site personnel !

C’est loin d’être gagné, je sais !

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