Passons à « l’écriture inclusive étendue »

PASSONS À L’ÉCRITURE INCLUSIVE ÉTENDUE

Introduction (en écriture non inclusive)

La langue française a besoin d’évoluer. Nécessité de l’histoire et des essentielles libérations et émancipations diverses. Ainsi ces temps-ci, est apparue l’écriture inclusive, suivie sans doute bientôt par la lecture inclusive.

Grâce à ma mère, ardente, voire virulente militante et autrice féministe, j’ai appris depuis ma toute petite enfance que les hommes sont tous des cochons, des violents et violeurs, des machos ou misos, des menteurs et des salauds. La langue française (et les langues greco-latines dans leur ensemble) sont porteuses de cette injustice existentielle et historique profonde. Il faut donc changer cela.

Curieusement, par expérience, j’ai rencontré beaucoup plus de femmes violentes que d’hommes violents dans ma vie. Pas le cas de ma femme et de mes filles, heureusement ! Cela dit, le lépidosophe doit rester prudent face aux inductions abusives. Que vaut une petite expérience locale face aux chiffres et à la réalité sociale et historique : combien de femmes battues, violées, abusées, exclues, discriminées dans nos sociétés ! Non, ce n’est pas drôle. On ne peut nier l’évidence (à titre d’information, c’est aussi vrai des handicapés, des africains, antillais, arabes, sud-américains et multiples autres discriminés sociaux ou naturels). Derrière ces scandales, le langage induit ces violences et exclusions. Les noms de métiers doivent être féminisés, et combien d’autres absurdités sémantiques et grammaticales être rectifiées.

Mais s’il faut passer à la langue inclusive pour transformer cette injustice et éviter qu’elle ne se déséquilibre, il faudrait songer aussi à transformer les mots genrés dans l’autre sens. Je propose donc une écriture inclusive étendue. Ainsi par exemple (non exhaustif), toutes les grandes idées féminisées exprimées par -té (liberté, égalité, fraternité, sororité, propriété) ou leur forme active (libération, égalisation, etc.) pourront être dites au féminin et au masculin. Il faut donc écrire la.e liberté, la.e libération, la.e fraternité et la.e sororité, l’émancipation et l’égalité (ah, zut, ça ne marche pas quand l’article est élidé)… La.e liberté, iel nous sauvera. Même chose des sciences, des arts et des savoirs : La.e physique, la.e psychologi.e, la.e musiqu.e, la.e band.e dessiné.e, etc. De même les techniques : la.e robotique, la.e mécanique, la.e sémantique, etc. Réciproquement, les -isme pourraient-être féminisés ou doublement genrée : le.a fascism.e, le.a machinism.e, la.e catholicisme, etc. Soyons non exhaustif.ve.s.

Passons donc à l’écriture inclusif.ve étendu.e comme je le.a propose.

Prenons trois exemples :

  • D’abord, un.e repris.e de la.e beau-elle chanson.e d’Yves Duteil « Le.a langue de chez nous ». On admirera la.e belle.eau poési.e qui s’en dégage, grâce à l’écriture inclusive étenduePS. Oui oui, je sais, j’aurais pu prendre un.e chanson de Barbara ou de Juliette Greco… ou demander à Microsoft de nous créer une b.elle.eau chanson numérique.

« C’est un.e langue belle.eau avec des mots superbes
Qui porte sa.on histoir.e à travers ses accent.e.s
Où l’on sent la.e musique et le.a parfum.e des herbes
Le.a fromage de chèvre et le.a pain.e de froment.e

Et du.de la Mont-Saint-Michel jusqu’à.u la.e Contrescarpe
En écoutant parler les gens de ce.tte pays
On dirait que le.a vent.e s’est pris.e dans un.e harpe
Et qu’iel en a gardé.e tous.tes les harmoni.e.s

Dans ce.tte langue belle.eau aux couleurs de Provence
Où la.e saveur des choses est déjà dans les mot.e.s
C’est d’abord en parlant que la.e fête commence
Et l’on boit des parol.e.s aussi bien que de l’eau

Les voix ressemblent aux cours.e.s des fleuv.e.s et des rivièr.e.s
Ielles répondent aux méandr.e.s, au.à la vent dans les roseaux.elles
Parfois même aux torrent.e.s qui charrient de.u la tonnerre
En polissant les pier.re.s sur le.a bord des ruisseau.elle.x

C’est un.e langue belle.eau à l’autre bout du.e la monde
Un.e bull.e(*) de France au.à la nord d’un.e continent.e
Serti.e dans un.e étau.le mais pourtant si fécond.e
Enfermé.e dans les glaces au.à la sommet.te d’un.e volcan.e
(*) dozer

Iel a jeté des pont.e.s par-dessus l’Atlantique
Ielle a quitté sa.on nid.e pour un.e autre terroir.e
Et comme un.e hirondel.le à.au la printemps des musiques
Iel revient nous chanter ses peines et ses espoirs

Ielle a fait fac.e aux vent.e.s qui soufflent de partout,
Pour imposer ses mot.e.s jusque dans les collèges
Et qu’on y parle encore la.e langu.e de chez nous

C’est un.e langu.e belle.eau à qui sait la.e défendre
Ielle(***) offre les trésor.e.s de richesses infini.es
Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
Et la.e force (**) qu’il faut pour vivre en harmoni.e
(**) Comment « la » force peut-elle être au féminin ? Aberration encore de la langue française

(***) J’alterne les Iel et les Ielle pour que ce soit plus musical

Et de l’Île d’Orléans jusqu’à.au la Contrescarpe
En écoutant chanter les gens de ce.tte pays.e
On dirait que le.a vent.e s’est pris.e dans un.e harpe
Et qu’il a composé toute un.e symphoni.e (***)
(***) en fa-mi majeur.e

  • Deuxième exemple, les instrument.e.s de musique. Pour éviter les point.e.s médian.e.s, je préfère qu’on féminise ou virilise, selon le cas, ces instruments.

Prenons les cordes : ainsi le violon peut aussi devenir la violone, le violoncelle devient la violoncelle (c’est joli), la viole devient le viol (ah, zut, ça ne marche pas), l’alto devient l’alta… Les bois et cuivres : la clarinette peut être dit.e le clarinet (c’est joli comme tout), la trompette dit.e le trompet et le hautbois deviendra la hauteboisse (pas terrible, ou plutôt la hauteforêt : ça, c’est chouette… C’est chouet, pardon!) ; le trombone devient la trombonnette, le basson peut être dite la bassonne. Quant à la batterie, on peut la.e nommer le batteri.e (avec « e » ou sans « e »?) sans oublier le cymbal et le timbal, la tambourette et la xylophonnette, la triangle et le gros cais. Le piano lui, est une piana. C’est sympa, n’est-ce pas ? Boris Vian n’y a même pas songé !
Il y aura un.e problèm.atique avec l’orgue et les orgues, puisqu’iel.le.s est masculin au singulier et féminin au pluriel…

 

  • Troisième exemple, les pays. Lae plupart sont souvent au féminin, sauf quelques-un.e.s : La Chine pourrait être prononcé.e Le Chin, la Russie devient le Russie, la Côte d’Ivoire se transforme en le Coton d’Ivoire et la Sicile mafieuse devient le Sicil mafieux (plus adapté à la.e réalité social.e de l’île, n’est-ce pas?). Inversement, le Maroc devient la Maroque, le Brésil devient la Brésile, le Kosovo devient la Kosova et le Danemark devient la Dernièremarque. On remarquera que beaucoup de nations se défilent du problème en gardant un.e voyel.le en premier : l’Allemagne, l’Angleterre, l’Australie, l’Italie, l’Espagne, l’Égypte, l’Ukraine restent l’Allemagne, l’Angleterre, l’Australie, l’Italie, l’Espagne, l’Égypte, l’Ukrussie, sans que le.a féminin.e n’apparaisse trop. Pareil dans l’autre sens pour l’Iran et l’Irak. Tandis que Les États-Uni.e.s ou Les Pays-Bas.se.s demeurent presque les mêmes. C’est quand l’adjectif.ve apparaît que les choses se compliquent : ainsi l’Allemagne belliqueuse ne peut se cacher, ni l’Italie paresseuse, la Hollande travailleuse ou l’Égypte pyramidale … Quant à l’Angleterre, elle reste éternellement la perfide Albion (que ce soit au féminin ou au masculin). Ah la la, on ne s’en sort pas. Et la Fraaaaaaaaaance? Elle devient Le France… mais pas de bol, Il a été vendu à la.e Norvège (qui, en passant, nous a foutus un.e bon.ne raclé.e aux Jeux Olympiques de Beijing !).

*

Conclusion : comme on le.a voit, la.e langue français.e va y gagner en justice, clarté et musicalité. Toutefois, je me permets un.e petit.e nuance. Iel est cependant déjà assez compliqué.e de parler le.a français.e pour les étranger.e.s, voire même pour les écrivain.e.s (avis.se personnel.le discutable, bien sûr). Il me semble que les langu.es anglo-saxon.ne.s n’ont pas ce.tte problème.atique. Après tout, cela fait plus de 70 an.née.s que la.e culture américain.e nous écrase (pardon, nous émerveille) de sa.on splendeur.e. Il me paraîtrait plus sain.e que celle.celui-ci recouvre enfin nos vieilles.ieux nations latin.e.s dégénéré.e.s et passéistes. Même après « the » Brexit, l’Europe continue à parler anglais.e. Donc, pour être à le.a page, les plus pressé.e.s et avant-gardistes peuvent vite passer à l’anglais, ou filer à l’anglais.e, les moralisateur-trice.s francophon.e.s mal-à-l’aise avec la.e langue actuel.le se mettre à l’écriture inclusif.ve étendu.e que je propose et laissons le.a bon peuple inculte et ignorant.e, soit continuer l’ancien.ne langue, soit se débarrasser de cet.te affreux.se langue français.e., voir.e de l’espagnol.e et de l’italien.ne hyper genré.es, en les américanisant…

Yes , go in english. Yahououou, Gougueule, Maïcrosoft, Amazone, Appeule, Ouatesappe, Youtoube, Maréchal (Marion bien sûr), nous voilà. C’est mieux pour apaiser notre monde qui aspire tant à la paix (oh, pas le paix, s’iel vous plaît).

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3 réponses à Passons à « l’écriture inclusive étendue »

  1. Loran dit :

    Peut-être devrait-on réhabiliter le latin !

    Super ton article 🙂

    • nicorazon dit :

      Latín et grec… Et un peu plus de culture littéraire et philosophique, mais pas chiante comme on l’apprend en collège et lycée. Et un peu plus internationale : on n’étudie ni Dante, ni Cervantès, ni Shakespeare, ni Goethe, ni Dostoïevski, etc. à l’école. Ceux-ci, je les ai découverts grâce à la musique, l’opéra, la philosophie et la théologie.
      Ce snobisme universitaire de l’écriture inclusive est bien le signe d’une inculture…

  2. Emmanuel dit :

    ah ah, faut que t’envoies ça à Libé (faut juste enlever le début sur l’autrice de tes jours).

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